Les amas globulaires de notre Galaxie sont des systèmes formés de centaines de milliers, voire de millions d’étoiles, tenues ensemble par la simple force d’attraction gravitationnelle. Ce sont des systèmes vieux, dépourvus en gaz. On en connait plus de 170 aujourd’hui, distribués depuis les régions les plus externes du halo stellaire jusqu’au bulbe.
Leur origine demeure incertaine et nombre de leurs propriétés amènent à conclure que, bien qu’aujourd’hui ils font tous partie de notre Galaxie, certains d’entre eux se seraient formés dans d’autres galaxies qui auraient fusionné avec la nôtre au cours du temps.

Parmi ces amas, l’un attire l’attention de la communauté scientifique depuis longtemps. Il s’agit de NGC 5139, connu aussi sous le nom d’Omega Centauri. Il s’agit d’un amas très massif, environ 10 fois plus massif qu’un amas globulaire typique de la Voie lactée et qui, parmi ses propriétés extrêmes, contient aussi des étoiles avec un contenu en fer très varié.
Pour cette raison et pour d’autres, la communauté scientifique suspecte depuis des décennies qu’Omega Centauri est le reste d’une galaxie accrétée par la nôtre il y a plusieurs milliards d’années, et non un véritable amas.
Si Omega Centauri est ce qui reste d’une galaxie qui aurait fusionné avec la Voie lactée dans le passé, où sont les autres amas qui auraient fait partie de cette même galaxie ? Dans une étude récemment acceptée pour publication sur A&A, une équipe du GEPI/LIRA s’est penchée sur la question, en analysant les données astrométriques de la mission Gaia et en les couplant avec les abondances chimiques des étoiles disponibles dans le relevé spectroscopique APOGEE.
Le résultat de cette étude suggère que les amas globulaires NGC 6752, NGC 6656, NGC 6809, NGC 6273, NGC 6205, et NGC 6254 se seraient tous formés dans la galaxie à laquelle Omega Centauri aurait appartenu, et qui a été nommée Néphélé - la mère des Centaures dans la mythologie grecque.
Ces amas ont aujourd’hui des orbites très différentes les unes des autres, comme prédit par les simulations numériques. Le nombre d’amas que cette étude associe à Omega Centauri, et à sa galaxie progénitrice Néphélé, fait de cette dernière et de son accrétion, un événement majeur dans le passé de la Voie lactée.
Référence
- Pagnini, Di Matteo, Haywood, Mastrobuono-Battisti, Renaud, Mondelin, Agertz, Bianchini, Casamiquela, Khoperskov, and Ryde, A&A in press, https://arxiv.org/pdf/2410.22479